Je travaille en tant que médium pour permettre le contact avec nos défunts.
J'ai commencé à pratiquer avec des amis, gracieusement et sans mesurer le grand impact de ce moment spécial. J'étais relativement jeune et je n'avais pas les clés nécessaires pour comprendre que ce qui était une évidence pour moi, pouvait être incompréhensible pour d'autres. Rentrer en contact avec cette autre dimension de l'être est une expérience unique, qui engage le médium dans l'esprit et dans le corps, et qui n'est pas définissable par des mots.
Bien évidemment on peut se sentir très seul, et on prend conscience du fait que seul les autres médiums comprennent cette sensation de vivre en décalage avec les autres.
Alors comment trouver le pont qui relie les deux mondes?
J'ai fait des études d'interprétation et traduction (il n'y a pas de hasard à cela), et l'une des choses qui m'a le plus marquée pendant mon parcours universitaire, c'est la notion de traduction comme "un mal nécessaire". Ce qui veut dire que jamais une traduction ne saura transposer les nuances et la nature profonde d'une langue, mais au moins elle permet de faire circuler le sens du message transmis par l'auteur.
Je retrouve cette notion dans la communication avec l'au-delà. Pour moi il existe une "langue" de l'au-delà et le médium en est l'interprète. Les codes ne sont pas les mêmes que ceux qu'on utilise dans notre vie de tous les jours.
J'ai donc imaginé que ça pourrait être utile de partager ce qui se joue dans les coulisses, de montrer ce que vit un médium, afin de mieux se préparer à ce moment sacré du contact.
Je tiens à préciser que je parlerai ici uniquement des contacts sur demande, puisque l'expérience d'un contact spontanée est encore différente et ne demande pas forcément une mise en relation avec d'autres personnes.
Le consultant s'assoit en face de moi, une bougie est toujours allumée dans la pièce. J'ai déjà pris le temps de faire mes prières et de demander une grande protection, pour moi et pour l'autre. On me montre une photo du défunt, peu importe qu'elle soit récente ou ancienne. L'image accélère le contact mais n'est pas strictement nécessaire. Je suis consciente que le moment est grave, intense, que ce n'est pas juste une promenade tranquille, que ce contact va mobiliser beaucoup d'énergie et ouvrir la porte sur un monde que je perçois sans vraiment le connaître.
Je pose une demande pour trouver le défunt, comme si j'avais un téléphone à la main: je compose son numéro et j'attends que quelqu'un décroche de l'autre coté. Il faut ouvrir une petite parenthèse pour expliquer ce qui se passe dans l'au-delà à ce moment, puisque j'ai eu la chance de le voir (on me l'a montré). Un médium ouvert et disponible est comme un phare dans une nuit de tempête : on le voit de loin et tout le monde se précipite sur lui. Il n'y a pas donc uniquement le défunt que l'on veut contacter qui se présente au rdv, mais beaucoup de monde ; cela me demande de faire un tri parmi toutes les informations qui arrivent jusqu'à moi.
Le défunt peut se présenter de plusieurs manières : il peut se rendre "visible" avec une apparence physique de son choix, souvent une apparence plus jeune, mais le plus souvent je vois des images relatives à son vécu, et au moment du décès. C'est ce que j'appelle la phase de reconnaissance, qui permet d'être sur qu'on communique avec la bonne personne, que j'ai donc bien fait mon tri. Moi et le consultants nous avons tous les deux besoin d'une preuve, d'un détail, quelque chose qui nous rassure : le consultant a besoin de se sentir en confiance face à une personne qu'il ne connait pas et qui pourrait être un escroc, et moi j'ai besoin de savoir que mon énergie n'est pas perdue et que je peux accomplir mon rôle de la meilleure manière possible.
Pendant le temps du contact, je suis dans un état psychique modifié. Des images défilent devant mes yeux, et je suis divisée en deux : une partie de moi devient pur esprit et l'autre partie assure l'échange avec le consultant. Ce dernier doit faire preuve de patience et de compréhension, parce que les choses peuvent être moins fluides que ce qu'il imagine.
Il faut se mettre dans un état d'accueil et attendre que le défunt transmette des messages, et il faut éviter de vouloir à tout prix avoir des réponses sur les sujets qui nous inquiètent.
Les défunts n'ont plus la même vision de la vie que celle qu'ils avaient avant de mourir, et ils peuvent être moins intéressés par nos tracas du quotidien. Il ne faut pas mal le prendre, c'est une évolution normale de l'âme qui se détache de tout ce qui est en lien avec la matière.
Très souvent les défunts me montrent les bons souvenirs de leur vie et ils s'attardent sur des détails qui peuvent être anodins à nos yeux. Nous n'avons plus la même vision des choses, c'est fondamental de garder cela en tête.
Dans le glossaire de l'au-delà on mentionne ici tout ce qui est "image". Vous allez m'entendre dire "on me montre telle ou telle chose", parce que c'est ce qui se passe très souvent : la communication peut se faire par images, qu'il faudra ensuite interpréter. Il peut arriver que l'image ne soit pas parlante tout de suite, alors je propose de la mettre de coté et de passer à autre chose. Elle sera peut-être utile dans un deuxième temps.
Certains défunts ont plus d'énergie que d'autres, tout comme les vivants. Cela détermine la qualité du contact : si le défunt est faible (parce qu'il est occupé dans un processus évolutif ou parce qu'il est trop distant d'un point de vue vibratoire) je ne pourrai capter que des bribes de messages, comme une connection wi-fi qui serait un peu faible.
Puis vient le moment du départ, qui n'est jamais annoncé à l'avance. Subitement je suis comme tirée d'un état de sommeil, le rêve se termine, le contact est fini. Je vis le même état de vide que l'on ressent quand on se sépare d'un ami après avoir passé un super moment ensemble, je me sens seule. Le défunt est parti et je ne pourrai pas le rappeler une deuxième fois. Il faut apprendre à se contenter de ce qui est. On en veut toujours plus, plus de temps de contact, plus d'informations, de conseils, de preuves...et je peux le comprendre.
Ce moment de fin de contact nous ramène à notre réalité où tout à une fin, il nous confronte avec cet adieu qu'on doit tous intégrer.
Alors soyons reconnaissants pour le petit miracle qui a eu lieu, même s'il a duré peu de temps, même si on n'a pas eu toutes les réponses qu'on attendait. On pourra renouveler le contact, mais pas toute de suite. Il faut comprendre que cela demande beaucoup d'énergie pour un défunt que de se déplacer sur notre plan, et il faut rester dans une juste mesure et éviter de trop solliciter l'au-delà.
J'estime que chaque contact est un cadeau du ciel, un moment qui peut transformer une vie, même si on ne s'en rend pas compte toute de suite. Ce contact nous remplit de sens et nous connecte avec notre partie spirituelle, et surtout il nous rassure par rapport à notre propre mort qui est, on le sait, inévitable.
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